Le web est un formidable moyen de trouver de l'information, personne n'oserait le nier. Et pourtant...

Pourtant, il serait fallacieux de prétendre s'informer correctement sur internet. Tout simplement parce qu'on y trouve de le pire et le meilleur, mais hélas, surtout le pire. Il est en effet très facile de lancer n'importe quelle rumeur et de la transformer en information sérieuse. Nous en avons eu la preuve avec cette affaire de clonage chez les raëliens qui a fait la une de tous les journaux alors que ce n'était qu'une rumeur lancée sur internet par la représentante de la secte aux Etats-Unis. Les sites dits d'informations requièrent donc le maximum de vigilance quant à la véracité des faits relatés. Qu'ils soient de droite ou de gauche. Un lecteur averti (ou au moins réfléchi) pourra vérifier si l'article qui l'intéresse est crédible ou pas, si des sources (si possible des sources papier) le renvoient à d'autres infos sur le sujet. Et encore!

Un excellent article sur le moteur de recherche Google dans le Monde Diplomatique du mois d'octobre nous explique comment sont référencés les sites. Si vous recherchez de l'information sur un sujet, les sites proposés ne seront probablement les plus idoines. En fait, Google fonctionne sur le nombre de visites. Plus un site est visité, plus ils a de chances de se retrouver en haut des référencement Google. Mieux, si d'autres sites font la publicité de ce premier site à l'aide de bannières ou simplement de liens, la "cote" Google s'en verra augmentée. C'est ainsi que des "démarcheurs" contactent des webmasters afin de louer des espaces bannières sur leur site... Il est donc très simple de faire grossir une rumeur: je la lance sur mon site, je loue ou j'achète des espaces publicitaires sur d'autres sites, je parle de ma rumeur sur d'autres sites (comme des forums, des blogs, etc...) et la rumeur pourrait devenir une information...

Hélas, il existe un tas de blogs qui pratiquent cette contre-information et ce, de façon encore plus grossière. Elle consiste à fouiner dans les pages webs des articles souvent racoleurs ou au contraire très techniques, de les commenter et d'en faire la publicité. La prose est belle, les sources existent, mais le fond pas. Quiconque sans une connaissance, même superficielle, d'un sujet prendra pour argent comptant ce qu'il lira. Ainsi, par exemple, la propagande néo-libérale s'attaque à la démolition médiatique des dirigeants de gauche fraîchement arrivés en Amérique du Sud. A les lire, les Chavez et compagnie ne seraient que des dictateurs imbéciles sans connaissance de l'économie qui mettent leur pays à genoux. C'est un mensonge éhonté puisque Chavez, par exemple, a justement décidé de supprimer les latifundi et de redistribuer les terres aux fermiers. Il faut savoir que 80% des terres étaient la propriété de quatre ou cinq grands groupes terriens (dont la Couronne d'Angleterre!) et que seuls 10% étaient cultivés... Il n'était que justice de redistribuer ces terres à des paysans qui n'avaient rien et qui se faisaient exploiter par ces groupes. Sans penser que le Vénézuela importe la quasi totalité des céréales en provenance des Etats-Unis... Avec cette nouvelle situation, Chavez espère également devenir plus auto-suffisant, ce qui fait grincer des dents à la Maison Blanche.

Autre exemple, la Colombie et les FARC. La droite ultra-libérale ne voit qu'une plaie en Colombie: les FARC. Or, la Colombie est un pays ultra-corrompu inféodé aux Etats-Unis et les FARC (ainsi que l'ELN) ne sont qu'une réaction à cette situation. Les FARC sont certes responsables d'enlèvements et d'assassinats, mais les para-militaires colombiens (financés grâce et en partie par les Etats-Unis pour leur lutte contre le narcotrafic) sont responsables de 78% des assassinats politiques en Colombie... (Lire "Manière de Voir", "L'Amérique du Sud en effercence", juillet-aout 2003).

Bref, on peut se demander si le web n'est pas juste un poubelle où tout et n'importe quoi circulent. Si le net n'est pas uniquement bien pour faire ses achats, planifier un week-end ou trouver un endroit. Je ne sais pas, je me le demande...