Ce matin, à la radio, j'ai entendu un truc énorme, même si, quand on y pense, c'est peu étonnant.

Cette semaine, les trois organisateurs d'une manifestation en marge du sommet européen de Liège en 2001 ont reçu un courrier leur disant qu'ils pouvaient visionner leur dossier au Palais de Justice. Etonnement des trois zigues qui se rendent néanmoins au Palais. Et là, ils découvrent que l'Etat belge, qui n'en est pas à une connerie près, a dépensé 17 500 euros pour écouter leurs communications téléphoniques, intercepter leurs SMS et mails... Sans, évidemment, que les concernés le sachent, pire, un procès - qui a abouti à un non-lieu - leur a été intenté dans le dos, ils n'ont jamais rien su! Ah, démocratie, quand tu nous tiens!

Il importe de dire que cette manifestation s'est déroulée dans le calme, dans un esprit bon-enfant et qu'il n'y a eu aucun débordement. J'y étais. Ce qui est terrible, c'est que ces trois personnes ont été soupçonnées d' "organiser un complot contre l'Etat" (sic!), bref, d'être des terroristes. Et c'est là que se trouve le danger de la guerre contre le terrorisme: si peu que vous fassiez partie d'une organisation plus ou moins contestataire ou simplement citoyenne, si peu que vous ouvriez la gueule, vous êtes un terroriste. Greenpeace fait d'ailleurs partie des organisations terroristes pour les américains. Le sens du mot "terrorisme" a été revu et corrigé! Moi, en écrivant ces lignes, je suis peut-être un terroriste... Vous, en allant manifester pour vos droits, vous êtes peut-être des terroristes!

En attendant, Orwell avait raison. Orwell a vu juste. Orwell est génie visionnaire. Quelque soit vos faits et gestes, Big Brother veille. Alors, pour que ces choses puissent changer (il m'arrive d'être naïf, ça fait parfois du bien), bougeons, manifestons, soyons des terroristes!