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Esprit/Révolution
Etats-Unis: la presse n'existe plus.
Ce ne serait si grave, je rirais de ce type qui un jour m'a dit que la presse américaine était une des plus libres de cette planète, une des plus objectives... A condition que vous apparteniez au groupe Murdoch, cette sangsue de la désinformation, celui qui tient entre autres Fox TV et qui arrose à foison les proches du gouvernement Bush, à la tête de la chaîne, celui qui maintenant mène une campagne de désinformation féroce en Angleterre contre la BBC qui a osé dire que Blair et son gouvernement n'était qu'un menteur à la solde du cow-boy d'outre-atlantique...
La presse aux USA? Une véritable parodie! Une concentration industrielle de médias et une concurrence affolante pour absorber la plus grande part des budgets publicitaires, ce qui rend leur mission de critique sociale absolument aléatoire. A présent, ils se consacrent surtout aux divertissements, aux polémiques montées de toutes pièces et célèbrent sans relâche le culte de la consommation. Creusez où on vous dira! "En 1990, la presse américaine est passée à côté du scandale des caisses d'épargne, la gabégie d'argent la plus coûteuse de toute l'histoires des Etats-Unis" (Ellen Hume, "Why the press blew the S&L Scandal, New-York Times, 24/5/1990). Quelques mois plus tard, au moment de la guerre du Golfe, elle fit retentir tous les cuivres des mensonges militaires mitonnés dans les cuisines du Pentagone! En 2000, la presse américaine confirmait son aveuglement en chantant les louanges d'entreprises déréglementées comme Enron. Trois ans plus tard, pendant l'invasion de l'Irak, elle se rattrapa et devint extralucide en agitant le grelot d'introuvables armes de destruction massive. Oeillères devant les prévarications des puissants, bobards pour conforter les projets du pouvoir, voilà le journalisme contemporain! Il est loin le temps des "Muckrakers", ces journalistes qui ratisssaient (ruck) la tourbe (muck), qui faisaient de leur plume un rateau, eux cherchaient la vérité, ils la dénonçaient! Ils sont loin les Steinbeck, Stannard-Baker, Markham, London, Sinclair, etc... Ils remuait la crasse agglomérée au bas de l'échelle sociale par les méfaits des forbans distingués de la haute société, le stylo s'en prenait aux maitres, pas à ceux qui leur résistaient dans un pays que Henry James qualifiait il y a un siècle de "gigantesque paradis de la rapine, envahi par toutes les variétés de plantes vénéneuses qu'engendre la passion de l'argent". Il est loin le temps où Markham dénonçait les souffrances faites aux enfants qui travaillent jusqu'à quatorze heures par jour. Entre 1880 et 1990, le phénomène a sextuplé, toutes les mains sont bonnes à prendre. "Pourquoi ne connaissent-ils ni repos, ni jeu, ni éducation, rien que le sombre broyage de l'existence? (...) De nombreux capitalistes de la Nouvelle-Angleterre ont déménagé vers le Sud leurs machines et leurs ateliers pour être plus près des champs de coton, du travail à bas prix executés par des doigts de bébé. La Caroline du Sud tisse du coton pour que le Massachussets puisse porter de la soie", écrit Markham. Aujourd'hui, cette géographie a changé. Les délocalisations sont transnationales. Pour Nike, Peugeot, ST Gobain, General Electric... On veut des téléopérateurs anglophones? On les installe en Inde. On les préfère francophones? Au Sénégal! En attendant de trouver moins cher ailleurs. De nos jours, la presse joue le rôle des nervis fournis aux compagnies des chemins de fer américains par un homme de main du patronat: "(...) Redonner confiance aux ouvrier conservateurs et discréditer les radicaux et les agitateurs". Pour la presse américaine, les élections semblent toujours plus honnêtes et les meurtres moins intéressants quand ils se produisent dans un pays ami des USA ("La Fabrique de l'opinion publique", édition du Serpent à Plumes), même si la fraud ey est en réalité plus massive et le nombre de victimes plus importants. Est-ce à cause d'un "irresistible besoin de penser du bien de l'Amérique? Ou parce que "la plupart des préjugés médiatiques ont pour cause la préselection d'un personnel bien-pensant qui intériorise des idées préconçues et s'adapte aux contraintes exercées par les propriétaires, le marché et le pouvoir politique?" L'un n'empêche pas l'autre. Ecrit par weinmann, le Vendredi 29 Août 2003, 12:58 dans la rubrique "Esprit/Révolution".
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à 13:02