Warhol fut le premier "artiste" a user du marketing pour l'art, il fut le premier à faire de l'art une marchandise. Je ne suis pas un esthète, je ne connais pas par coeur tous les noms des "artistes" modernes, peintres, sculpteurs ou créateurs d'happenings, mais voici quelques exemples d'"oeuvres" jugées par certains comme artistiques. A Londres, à grand renfort de publicité, la foule s'est déplacée en masse pour admirer des traces de freinages. Un "artiste" avait fait entrer une voiture dans une salle d'exposition et l'avait fait freiner. On s'est extasié, on s'est amusé à jouer au jeu du questionnement. A Londres encore, un autre "artistes" a répandu des billes de différentes tailles à même le sol. Même extase, même jeu de questionnement. Toujours à Londres, un "artiste" a loué une salle immense pour n'y rien entreposer... On entrait et on contemplait l'espace vide; de l'art, paraît-il, une démarche artistique, paraît-il... Ces oeuvres, heureusement éphémères, n'ont même pas eu besoin d'être créées: cinq minutes et hop! on fait de l'art. Au musée d'Arts Modernes de Bruxelles, si l'on rencontre des choses magnifiques, on voit aussi, hélas, des objets sans âme, une simple brique posée sur un socle avec un joli titre prétentieux, des enchevêtrement de tôles que des élèves de maternelle auraient pu faire sans problèmes, des toiles monochromes, des toiles blanches avec un ou deux points de peintures, etc... En musique, l'expérimentation a donné des choses grandioses: on pense à Can et au krautrock en général, on pense à Sonic Youth. Mais on pense également à des individus qui vendent des disques de silence... De plages vides pour 25 euros... Ou des grattes de vinyl, ça éxiste aussi. Bref, les exemples sont nombreux. L'art évolue, c'est normal, c'est bien. L'ennui, c'est que des artistes médiocres confondent art avec marketing. Pour eux, toucher une frange de la population sensible à une certaine différence - dans le sens le plus détestable du terme - est un but en soi, c'est le gage d'un succès commercial, l'art n'étant qu'un prétexte. Cette partie de la population me fait penser à ceux qui cultivent une différence vestimentaire, capillaire ou quoi que ce soit, de façon à se démarquer et qui, en fait, au bout du compte, deviennent de parfaites fashion victims, se fondent dans le moule, se caricaturisent. Quoi de plus normal de posséder une toile verte, rouge, très chère si possible chez soi? Quant au sens de l'oeuvre, quant à l'émotion qu'elle dégage, on s'en balance. J'entends alors Boris Vian chanter "J'suis snob". L'art ne doit-il pas susciter une émotion, pour celui qui le fait et pour celui qui le regarde ou l'écoute? L'art doit-il se vendre comme on vend du Coca-Cola? Et puis surtout, l'art, c'est quoi? Qui peut se prétendre artiste? Un véritable artiste sait-il qu'il en est un?